Vol commémoratif
Voler avec le « fauxdufaux » nous permettra à tous, protagonistes et témoins du projet, de nous confronter collectivement à une nouvelle phase inconnue et fascinante, pleine de découvertes.
Le vol du « fauxdufaux » est plus que le fait technique. Il constitue la reformulation des faits historiques et, comme on le disait ailleurs dans ce site internet, la réciprocité, dynamique et nécessaire, de la beauté statique du Dufaux N°4.
Voler implique donc la reformulation gestuelle ultime de notre projet. Par des gestes, on a tous appris à étudier, planifier, construire, tester.
Le prochain pas est de devenir des pilotes.
Cependant, « le fauX DufauX » n’est ni la renaissance du passé, ni la restauration d’un passé regretté, ni une hagiographie des constructeurs genevois. Voler avec le « fauxdufaux » n’est pas non plus une reconstitution historique qui prétendrait retrouver une pureté originale. On n’est pas le Ballenberg des pionniers de l’aviation...
La culture populaire présente l’aviation des pionniers comme un d’âge d’or.
Pourtant l’aviation d’alors ne brille pas, elle est opaque. Faite d'huile de ricin, de boue, de bois cassé, de sang et de morts. C’était une époque triste et misérable, où la moitié des pilotes se tuaient dans les écoles et où les pilotes expérimentés n’existaient pas : personne ne vivait assez longtemps pour le devenir. Une époque où la fascination des foules se tiraillait entre l’accomplissement technique du héros, qui montait au ciel avec les aigles, et le pathos de sa chute. On n’en est pas du tout là.
Si la beauté dynamique du vol se suffit à elle-même, la différence entre ancien et nouveau (le Dufaux N°4 et le « fauxdufaux ») est dans le vécu. Le Dufaux N°4, statique et plus que centenaire, a un vécu qui le rend précieux. En prenant son envol, le « fauxdufaux » construira le sien.
Cependant, on ne s'y croit pas, on n’est pas des acteurs en train de rejouer une histoire de nostalgie. On a une distance avec l’histoire et les faits, on n’est pas prisonniers d’un passé non résolu.
Le projet « le fauX DufauX » est une nouvelle histoire, certes inspirée par des artéfacts et des faits du passé, mais tout à fait fraîche et nouvelle.
C’est nous tous,
hic et nunc, qui sommes les pionniers dont parle l’acronyme de hepta.aero.
Il faut citer ici Cesare Brandi :« la copie est un faux à la fois historique et esthétique ; elle peut avoir uniquement une justification didactique et commémorative ».
Nous y sommes.
Rare image du Dufaux N°4 en vol à Viry, presque parfaitement de profil, avant la traversée du lac. Toutes les particularités du design sont visibles : le moteur Gnome en porte-à-faux, les ailerons entre les ailes, les très petites surfaces de direction, la position des réservoirs, qui oblige Armand Dufaux à se pencher en avant pour regarder devant lui, le fuselage entoilé pour réduire la traînée et la longue dérive verticale.