Objectifs du projet

Trois mots définissent les objectifs du projet « le fauX DufauX » : vraisemblance, sécurité, beauté.

vraisemblance : étudier en détail l'avion suisse le plus ancien
La vraisemblance implique une reproduction du même artéfact, une réplique, une copie. On ne va pas ici épiloguer sur les problèmes que posent « l’original et la copie », mais disons que, malgré l’énorme travail de documentation accompli, l’entropie fait que le « fauxdufaux » n’est qu’une « copie partielle » du Dufaux N°4 de 1910.

Pour produire une réplique, notre projet est d’effectuer sur le Dufaux N°4 original une procédure d’ingénierie inversée (reverse engineering), afin d’obtenir les informations nécessaires pour construire un avion capable de voler (flying condition replica).
Dans notre projet, la vraisemblance implique une similitude esthétique et aussi une rigueur fonctionnelle et historique. Ainsi, pas question de faire voler l'avion avec un autre moteur (car le Gnome est compliqué), pas question d'installer des commandes modernes que l’avion de 1910 n’avait pas lors de sa traversée du lac Léman, pas question non plus d’instruments pour voler ni pour le monitoring du moteur...
Pourtant, notre engagement de vraisemblance trouve une limite dans la sécurité du vol.

sécurité : construire une réplique aux standards de sécurité modernes
Le Dufaux N°4 de 1910 était bien un avion de son époque : un avion expérimental produit par des constructeurs de motocyclettes. L’analyse exhaustive à laquelle on a soumis l’avion original montre les lacunes des connaissances techniques de l’époque et aussi, des frères Dufaux en particulier.
Malgré nos efforts de recherche, qui ne sont pas encore finis, on ne trouve trace d’aucune étude aérodynamique ou structurelle produite par les frères Dufaux concernant le Dufaux N°4.
Le changement de moteur, du Anzani 25 hp au Gnome 50 hp, permet finalement au DufauX N°4 de prendre l’air avec une relative sécurité et également de masquer les faiblesses de son design.
Amener le Dufaux N°4 aux standards modernes de sécurité et de fiabilité est un des piliers sine qua non du projet.

La raison pour nous est évidente : on suit depuis de longues années la construction et les vols des avions originaux et des répliques d’avions d’avant 1914. La recherche d’une vraisemblance historique parfaite a comme conséquence que l’avion ou la réplique hérite aussi des vices de design de l’avion original et, de ce fait, du niveau de risque de son époque, inacceptable de nos jours.

Entre le Dufaux N°4 et le « fauxdufaux », on trouve trois différences concernant le moteur, l’aérodynamique et la structure. Sur le moteur Gnome, le design original a subi d'importantes modifications techniques et des changements de matières, indécelables, même pour des connaisseurs.
Quant à l’aérodynamique, le profil de l’aile du Dufaux N°4 a été légèrement modifié afin d’augmenter la sécurité du vol et quelques astuces introduites afin de donner au pilote un contrôle plus efficace.
La structure a subi quelques changements dans le design et aussi dans les matières constitutives de plusieurs pièces importantes.

beauté : voler !
Breton a écrit : « Il ne peut, selon moi, y avoir beauté [...] qu'au prix de l'affirmation du rapport réciproque qui lie l'objet considéré dans son mouvement et dans son repos. Je regrette de n'avoir pu fournir, comme complément à l'illustration de ce texte, la photographie d'une locomotive de grande allure qui eût été abandonnée durant des années au délire de la forêt vierge. »
Depuis sa mise à la retraite, le Dufaux N°4 nous montre seulement une facette de sa beauté, figée, statique.
Créé pour voler, ce sera seulement par son envol que le « fauxdufaux » accomplira sa beauté et sa réciprocité avec le Dufaux N°4.