Une histoire
En 2004, hepta.aero est invitée à contribuer à la célébration du 90e anniversaire de la création de la Force aérienne suisse avec un article de notre choix. Avec le projet « le fauX DufauX » sur le point d’être lancé, le patrimoine aéronautique s’imposait comme sujet.
L’article a été publié dans un numéro spécial de la Revue Militaire Suisse (RMS) en septembre 2004 et avait pour titre : Le patrimoine aéronautique suisse, une archéologie aéronautique à construire. (article complet en PDF)
Mais comme la construire ? On écrivait alors :
« Des musées et autres institutions et associations aéronautiques essaient alors de sauver du ferrailleur ce qui est resté des anciens vestiges aéronautiques. Mais quoi faire des artefacts épargnés par le chalumeau ? Les rendre tels quels à la société qui les a produits ?
Dans ce but peut-être des musées et autres institutions recourent à l’exposition systématique et classificatoire des artefacts, plus ou moins dans le style des anciens musées ethnographiques, où la valeur de l’objet est esthétique (« un bel avion ») et/ou fonctionnelle (« un redoutable chasseur »).
Egalement, mais plus rarement, l’avion exposé est présenté comme l’icône d’une période historique ou d’un événement remarquable (« l’avion avec lequel Blériot a traversé la Manche »). De la sorte, nous voyons dans les salles des musées aéronautiques des avions rangés côte à côte, accompagnés d’un panneau comportant de brèves caractéristiques techniques et éventuellement une note historique. C’est tout. Des avions tombés du ciel !
Les aspects technologiques, culturels, industriels, économiques, sociaux, politiques et idéologiques sont absents. Dans ce contexte, aucune reconstruction généalogique n’est possible entre tous ces avions, frères d’une même famille et orphelins au même titre. Monothématique et bref (à chaque objet sa fiche descriptive), le discours du musée d’aviation classique épuise souvent l’expérience intellectuelle et émotionnelle du visiteur lors d’un seul parcours.
La solution consiste peut être à ne pas partir à l'assaut d'un marché ou d’un territoire déjà couvert, mais à occuper des espaces vides et, à partir de là, échafauder un discours novateur et fédérateur, non concurrentiel et constructif. »
Le simple est toujours faux. Ce qui ne l'est pas est inutilisable.